J’ai rien a dire


Pour commencer, je vous propose ce soir un petit court simple et efficace. J’ai aimé le sujet, le personnage, la mise en scène sobre et efficace, voilà donc un court qui vous en dira long…

Pour continuer, ce soir pas de playlist. Je la peaufine encore et je prend mon temps. En lieu et place, je vous propose donc ma plume, je vous propose un texte écrit en Novembre dernier, griffonné sur un coin de table et sans doute inachevé. Je ne sais pas encore ce que je vais en faire, je pense qu’il mérite d’être retouché, retravaillé un peu, contextualisé peut-être ou alors sans doute qu’il mérite d’être laissé dans son jus, tel quel :

Mon fils dans les bras, lui heureux et le ventre plein, moi plutôt pensif devant cette innocence, j’interpelle encore le pourquoi. Pourquoi suis-je en lutte ? je me souviens de toutes ces lectures fastidieuses, ces rapports scientifiques et ces bulletins d’alerte pour finir par comprendre avec la modestie du profane que le vivant se meurt. Oui comme ces rapports le disent je pense que nous sommes le cancer terrestre. Non pas que nous soyons nous les hommes profondément mauvais, mais plutôt que nous soyons malades de nos dirigeants, légitimement corrompus et meurtriers, malades d’un système légitimement installé à travers le monde, malades d’un bien illégitime : l’argent. Le vivant se meurt. Je l’ai lu et relu et pourtant je cherche encore à m’en convaincre. Et par hygiène intellectuelle, régulièrement je remet tout en question, histoire d’avoir tout le raisonnement à reconstruire et comparer les résultats. Et j’ai beau tourner le truc dans tous les sens, douter, vérifier, douter encore, questionner, apprendre, débattre ; le vivant se meurt. Au sens littéral du terme, sans artifices ni adjectifs, avec toute l’horreur du propos et en seulement quatre mots. Le vivant se meurt et nous en sommes la cause. Ce n’est pas une fiction, ni pour la télé ni pour une maison d’édition. Pas de trucage pas d’effets spéciaux, le vivant se meurt avec la violence de sa réalité.

Longtemps j’ai cru que nous pouvions changer le monde. C’était déjà compliqué mais j’ai eu la naïveté un temps de croire qu’il suffirait que les gens sachent pour qu’ils changent, pour que nous changions, moi avec eux, eux pour moi et moi pour eux. Pas que j’en sache plus qu’eux, pas que je le sache mieux qu’eux, juste parce que je le savais un peu avant eux et qu’il suffirait de leur dire pour qu’ils soient d’accord avec le constat et qu’ils réagissent…

Et puis j’ai arrêté de croire qu’il serait possible de convaincre. La guerre est asymétrique, financière, médiatique, éducative, culturelle, elle est même devenue émotionnelle et je n’ai pas les armes pour faire face. Incapable de trouver des mots suffisamment percutants pour provoquer une prise de conscience familiale, je perd chaque jour un peu plus les miens dans le dogme culturel de la sainte consommation. Ma femme aura consommé jusqu’à notre divorce, c’est tout dire.

Je ne crois pas que les humains soient mauvais par nature. Je pense plutôt que selon où ils se trouvent, selon ce qu’ils voient et selon l’angle de vue qu’ils en ont, ils sont soit juste aveugles, soit corrompus ou parfois impuissants devant leur histoire et leur destinés.

Devant celle de mon fils dont j’ai la charge d’être le guide, je me sent obligé. Obligé d’aller vers l’inconnu de la guerre, des vies sont en jeux. Je me sens obligé de me dresser devant le capitalisme et ses hommes de mains, obligé de me dresser devant l’extractivisme et ses outils de mort. Au combat je serait obligé d’intelligence et de tactique car l’ennemi est partout. Obligé de modestie aussi et surtout, je ne suis pas un soldat. Mourir de leur destruction aveugle ou d’avoir ciblé les miennes, seule l’idéologie diffère, je n’ai pas le choix, je me sent donc prêt. J’apprendrai le courage de la guerre dans ma peur de la faire. J’apprendrai le combat dans la détermination de mes équipiers, j’apprendrai l’intransigeance de l’objectif : survivre et défendre.

J’ai la conscience tranquille de la raison, je suis dans la diversité des luttes pour le vivant.

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T’as bien fait de rester :

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